Bretagne (Finistère) Algues vertes : des résultats au-delà des objectifs
Dans la baie de Douarnenez, l’engagement des agriculteurs a permis de réduire les rejets d’azote de 198 t en trois ans, plus que les 140 t attendues.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
«Trois ans après la mise en œuvre du plan de lutte contre les algues vertes et la signature d’une charte de territoire dans la baie de Douarnenez, les objectifs de réduction d’azote sont atteints, et largement ! », se réjouit Paul Divanac’h, président du Sage (1) de la baie. L’objectif de 140 tonnes imposé à l’agriculture a été dépassé, puisque les gains s’élèvent à 198 tonnes. Un signal positif, alors que la prochaine charte de territoire est en cours de rédaction.
« Pourtant, à l’époque, le contexte n’était pas évident, rappelle André Sergent, président de la chambre d’agriculture du Finistère. Nous étions submergés par la marée médiatique liée aux algues vertes, dans un contexte économique difficile. Nous croulions déjà sous un excès de normes et il fallait en ajouter de nouvelles. Les agriculteurs étaient réticents. »
La chambre d’agriculture a donc engagé un gros travail de mobilisation. Ainsi, 71 % des exploitations du territoire ont réalisé un diagnostic, ce qui correspond à une surface de 13 457 ha. Par la suite, 151 exploitations sur les 390 que compte la zone ont signé un contrat individuel d’engagement pour modifier leurs pratiques. À l’exemple de Marthe et Michel Le Page, producteurs de lait à Cast. Les 65 ha de terres de leur exploitation sont traversés par une route départementale très passante. Progressivement, ils ont diminué la part de maïs, supprimé les céréales et augmenté la surface d’herbe de 12 ha. Les éleveurs ont également investi dans une autochargeuse, pour mieux valoriser les surfaces non accessibles. Ces mesures ont permis de réduire de 700 kg les flux d’azote issus de l’exploitation.
Des cessations d’activité
Optimisation de la fertilisation, meilleurs rotations et assolements, couverts végétaux… les changements de pratiques ont permis un gain d’azote de 102 t et, notamment, une baisse de 12 % de la pression minérale (74 t) entre 2010 et 2015. « Le développement de l’herbe a fait économiser 22 t d’azote. En revanche, certaines stratégies comme la conversion à l’agriculture biologique, les circuits courts ou la méthanisation n’ont rencontré aucun écho sur le terrain, précise Ronan Le Menn, élu à la chambre d’agriculture. Les 74 t de gain restantes sont, malheureusement, liées à des réductions d’effectifs sur les élevages. Douze arrêts d’activité, dont trois partiels, ont été enregistrés. C’est énorme ! » Des élevages mixtes se sont spécialisés. Les résultats sont donc plus liés au contexte économique qu’au plan antialgues vertes, et ils démontrent l’ampleur de la crise agricole.
(1) Schéma d’aménagement et de gestion de l’eau.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :